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Comparer les systèmes de retraites dans le monde revient à comparer des choux et des carottes
Dans quelle Europe veut-on vivre, travailler et vieillir : une Europe sociale ou socialement moins disante, où les pays adoptent des mesures dures pour leurs systèmes de retraites ?
Interviewé le 21 mars sur TF1, Emmanuel Macron a aussitôt brandi un graphique publié dans Le Parisien faisant la comparaison des âges de départ à la retraite, selon les pays. Pour immédiatement se féliciter que la France ne serait pas un aussi mauvais élève que ça…
Le Conseil d’orientation des retraites aussi mène régulièrement des études comparatives sur un panel de pays développés : Allemagne, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni, Suède.
De son côté, l’OCDE copieusement citée par le gouvernement, n’envisage et n’a étudié qu’une seule piste : l’allongement de l’âge de départ et la baisse des pensions. En la justifiant par l’augmentation de l’espérance de vie dans le monde. Et tous les pays suivent ces recommandations, quelle que soit leur situation.
En réalité, comparer les systèmes de retraites dans le monde en données brutes n’a pas de sens parce que les situations des pays sont si différentes les unes des autres.
« Clairement, le but recherché par le patronat et le gouvernement reste la mise en concurrence des travailleurs et leur acceptation du moins disant social comme repère collectif et individuel. Pour la CGT c’est tout à fait le contraire : nous militons pour une élévation durable de tous les standards sociaux et dans le monde entier », insiste Boris Plazzi, secrétaire confédéral du syndicat.
Encore un droit à conquérir dans de nombreux pays
Comment ça se passe en réalité chez nos voisins européens et ailleurs ?
Il faut savoir que la retraite est encore un droit à conquérir sur une grande partie du globe. La moitié des personnes ayant dépassé l’âge légal de la retraite ne perçoivent aucune pension ou bien, elle est si basse qu’elle laisse les retraité.es sous le seuil de pauvreté.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’efficacité des systèmes de sécurité sociale est compromise dans les pays qui cherchent à assainir leurs finances publiques en réformant leurs systèmes de retraites, en augmentant l’âge de départ, en réduisant les prestations et en augmentant les taux de cotisation.
Toute ressemblance avec un pays existant est purement fortuite et involontaire…
Devant les arguments d’Emmanuel Macron et de son gouvernement qui se calent sur le modèle des pays ayant adopté les mesures sociales les plus dures pour financer les retraites – l’Allemagne notamment – il faut avancer les vrais chiffres.
L’exemple allemand où le taux de pauvreté a bondi
Avec l’âge légal de départ à la retraite est 67 ans, l’Allemagne est souvent citée en exemple : plus efficace, plus productive, plus compétitive.
À quel prix social ? Le taux de pauvreté y a progressé de 14,3% à 16,8% entre 2010 et 2019.
La part de personnes très pauvres a même bondi de 40% en dix ans, à plus de 11% de la population !
L’augmentation des très bas salaires outre-Rhin se répercutera forcément sur le niveau des pensions de retraite.
Comme en France, l’Allemagne a un régime de retraite par répartition, un système de complémentaires et une incitation à l’épargne. Mais un Allemand part-il vraiment à la retraite à 67 ans ?
En réalité, il peut liquider sa retraite à partir de 63 ans s’il justifie d’au moins 35 ans de cotisations (avec une décote de 10%), et le calcul des points sera déterminant dans le calcul da sa pension.
Pour tenter une comparaison, il faut prendre deux indicateurs solides :
- l’âge moyen de liquidation de la retraite
- l’âge moyen de sortie du marché du travail.
Et que constate-t-on outre-Rhin ?
- Que le niveau de vie des plus de 65 ans a baissé et que le taux de pauvreté dans cette classe d’âge est deux fois plus élevé qu’en France ! C’est bien pour cela qu’ils doivent souvent cumuler emploi et retraite, ou compter sur leur patrimoine.
Est-ce vraiment le modèle à suivre ?
- En France, la réforme Macron-Borne conduira à augmenter la précarité, la pauvreté et l’injustice sociale, surtout pour les femmes qui ont des parcours professionnels hachés. Tout en fragilisant les systèmes de financement des retraites.
Pour vivre dignement à la vieillesse, il faudra avoir capitalisé ou bien travailler jusqu’à pas d’âge. L’argent existe pour financer nos retraites, notamment dans les excédents financiers, les dividendes des multinationales, les superprofits.